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La Kafala : Offrir une nouvelle vie à nos orphelins

Mots clés :

Dans cet article,

La kafala vient du mot arabe « takafala » qui signifie “s’occuper d’un orphelin”. Elle est le recueil légal en droit musulman d’un enfant mineur orphelin.

La kafala met en relation deux parties :

  • les kafils : terme employé pour les parents qui “adoptent”.
  • le makfoul : terme utilisé pour l’enfant orphelin “adopté”.

 

Cette institution religieuse trouve sa source dans le Coran et s’oppose à l’adoption. En effet, la kafala préserve le lien de filiation entre les parents géniteurs et leur enfant.

Depuis l’institution de la kafala dans les codes de la famille dans les pays du Maghreb, le nombre d’orphelins augmente. Il est donc important de protéger ces enfants et de leur apporter une seconde chance d’avoir une structure familiale.

En passant par la kafala, les parents peuvent apporter une aide aux enfants sans contre-partie et faire une bonne action. Cela dit, le parcours pour y arriver est très long et c’est pourquoi certaines associations se crééent afin d’apporter un soutien à ces parents.

 

L’association Coeur en Or vous délivre via cet article deux conseils principaux pour que la kafala se passe dans les meilleures conditions. Enfin, un membre de l’association témoigne en faveur de la kafala et nous montre qu’être makfoul est une bénédiction pour l’enfant.

 

Adoption et kafala, quelles différences ?

Nous constatons trois différences majeurs entre l’adoption et la kafala :

 

1. L’enfant adopté perd son lien de filiation avec ses parents géniteurs :

    • L’adoption est une pratique mise en place avant l’arrivée de l’Islam. Elle permet à l’enfant adopté de posséder les mêmes droits que le fils ou la fille de ses parents adoptifs.
    • Dans la sourate 33 – verset 4, Allah nous éclaire sur l’adoption afin de préserver le lien de filiation : « Allah n’a point fait de vos enfants adoptifs vos propres enfants. Ce sont des propos [qui sortent] de votre bouche. Mais Allah dit la vérité et c’est Lui qui met [l’homme] dans la bonne direction.“
    • Un hadith rapporté par Al Boukhari (3317) et Mouslim (61) rapporte également que Abou Dharr (P.A.a) a rapporté avoir entendu le Prophète (SAW) dire: « Tout individu qui s’affilie sciemment à un autre qui n’est pas son père devient infidèle. Tout individu qui se réclame de gens auxquels il est étranger doit se préparer à occuper sa place en enfer.”

 

2. Le nom de l’enfant adopté est changé par ses parents adoptifs :

    • L’adoption à la manière occidentale donne la possibilité aux adoptants de changer le nom du l’enfant et parfois d’effacer toute relation avec ses parents biologiques. Ceci est strictement interdit en Islam.
    • Par exemple, le Prophète (sws) Lui-même avait adopté Zeyd ibn Hârith, sans changer son nom ou sans lui donner d’héritage. Le Prophète Muhammad (sws) accordait tellement d’importance à son fils adoptif que Ses compagnons commençaient à l’appeler “le fils du prophète” soit : Zeyd Ibn Muhammad. C’est dans le verset 40 de la sourate 33 – Al Ahzab – qu’Allah prévient les hommes contre l’amalgame : « Muhammad n’a jamais été le père de l’un de vos hommes, mais le messager d’Allah et le dernier des prophètes. Allah est Omniscient.« 
    • Le verset 5 de la sourate 33 montre l’importance d’appeler les enfants orphelins par le nom du père afin de ne pas renier ce lien de filiation : “Appelez-les du nom de leurs pères : c’est plus équitable devant Allah. Mais si vous ne connaissez pas leurs pères, alors considérez les comme vos frères en religion ou vos alliés. Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais (vous serez blâmés pour) ce que vos cœurs font délibérément. Allah, cependant, est Pardonneur et Miséricordieux. »

 

3. L’enfant adopté peut hériter des parent adoptifs et obtenir les mêmes droits que leurs propres enfants :

    • L’adoption interdit toute relation avec les fils ou filles biologiques des adoptants. Ceci n’est pas vrai en Islam, du fait qu’ils n’ont pas de lien de sang.
    • Le verset 37 de la sourate 33 nous montre que le Prophète (sws) pouvait se marier avec la femme de son makfoul : ”[…]Puis quand Zayd eût cessé toute relation avec elle, Nous te la fîmes épouser, afin qu’il n’y ait aucun empêchement pour les croyants d’épouser les femmes de leurs fils adoptifs, quand ceux-ci cessent toute relation avec elles. Le commandement d’Allah doit être exécuté”.”

 

La situation critique des orphelins au Maroc et en Algérie :

 

Le nombre d’orphelins augmente :

En 1984, la kafala fait son entrée dans le code de la famille en Algérie. En 2002, elle est réglementée dans le droit marocain. Il en résulte une montée croissante du nombre d’enfants abandonnés. En Algérie, des associations recensent plus de 5000 enfants abandonnés chaque année.

Dans les pays du Maghreb, une femme seule avec un enfant est encore mal perçu et fait l’objet de nombreuses critiques. Notons également qu’il y a un manque de moyens et d’alternatives en cas de viols ou de naissances hors mariage. Abandonner son enfant devient donc une option « nécessaire » voir « raisonnable ». Et des milliers d’enfants en payent le prix.

 

Les orphelins nés sous X ne sont pas acceptés dans la société :

Les makfouls ont parfois du mal à accepter leur situation et en subissent les conséquences : violences verbales et parfois corporelles. Nous souhaitons donc passer un message à la communauté musulmane :

  • Les enfants nés d’une relation hors mariage ne seront pas jugés comme étant les causes du péché car Allah subwaha wa ta’alla a dit : « Et nul, ne portera le fardeau d’autrui » (Coran 17/15).
  • Il est du devoir de la Oumma de changer les mentalités et transmettre des valeurs religieuses à leurs enfants.

Enfant orphelin regarde par la fenetre

 

La kafala reste une solution pour lutter contre ce fléau :

La kafala est une solution pour améliorer la situation des orphelins au Maghreb et apporte beaucoup à tous les niveaux aux futurs parents kafils. En effet, la kafala permet de combler le manque d’être parents, si le couple ne peut avoir d’enfant. Elle est un acte de compassion envers l’orphelin et reste un acte de charité au yeux de l’Islam. Les parents kafils transmettent des valeurs au makfuls jusqu’à leurs majorités et donne sans contre partie de bonnes bases et un cadre familiale nécessaires à l’enfant pour commencer une vie d’adulte.

 

La kafala est compliquée à mettre en place !

De plus en plus de parents souhaitent recourir à la Kafala mais le parcours pour y arriver est excessivement long. On parle aujourd’hui de “candidature à la kafala”. Beaucoup de couples abandonnent cette démarche par suite d’un grand nombre échecs et parce que c’est un vrai « labyrinthe administratif« .

D’autant plus qu’il n’y a aucun suivi psychologique et aucun moyen pour ces makfuls arrivant en France d’accéder à leurs antécédents médicaux et leurs identités.

Malgré le fait que la kafala soit compliquée à mettre en place, il existe des solutions pour aider les parents souhaitant être kafils.

 

Des associations musulmanes aident à la Kafala :

  • Des initiatives telles que “Adopt Fi’Dyn” apportent leur aide en veillant au respect des règles religieuses. L’association “Ka’Family” se compose de kafils qui se mobilisent pour améliorer la situation en général. L’association “Adopt Fi’Dyn” est un collectif géré par Farmata et Sihem. Elles sont assistantes sociales et se mettent à la disposition des kafils pour les accompagner dans la fameuse épreuve d’enquête social.
  • En partenariat de cet article, citons l’association Cœur en Or qui a pour objectif d’améliorer le confort des orphelins et d’accompagner les futurs kafils dans leurs démarches administratives. Leur projet est d’ouvrir un foyer pour les jeunes mères seules en Algérie. Qu’Allah les récompense et les facilite tous.




Coeur en Or


AdoptFyDin

Deux conseils précieux pour votre projet de kafala :

> Etudier la kafala du point de vue de l’Islam.

  • C’est par la compréhension des ordres divins que les parents pourront transmettre ces valeurs à leur makfoul. Et tout le monde pourra mieux accepter cette situation encore trop critiquée.
  • Par exemple, les futurs kafils ont souvent peur que l’enfant subisse des moqueries à cause de la kafala. C’est pourquoi certains parents font l’erreur de vouloir changer le nom de l’enfant, alors que ceci est interdit en Islam.

> Etre transparent avec l’enfant makfoul.

  • Plusieurs témoignages bouleversants de makfuls ont su la vérité qu’après de nombreuses années et les conséquences ont été dévastatrices.
  • Des liens durables et de qualité passent par le respect, la confiance et la transparence au sein de la famille. C’est une vraie responsabilité pour les parents kafils.
  • Dans les faits, il est souvent difficile pour les parents de parler de la kafala, mais il est nécessaire d’être transparent pour préserver une relation saine et garder des liens forts. Si l’enfant s’apperçoit d’un mensonge d’une telle ampleur, cela pourra déteriorer la relation future avec ses kafils.

 

Le témoignage d’une sœur makful :

« Il y a trente ans, je suis née sous x en Algérie. Ma kafil est passée par la kafala pour pouvoir m’accueillir en France. Nous avons eu un contact très fort dès notre première rencontre, et c’est resté ainsi.

Je porte un amour inexplicable pour ma kafil et la considère comme ma propre mère car elle me transmet beaucoup. Grâce à elle, je connais mon identité, mes racines et mon statut. Je garde cependant en tête que j’ai ma mère biologique quelques part. Je comprends le sens religieux de la kafala et respecte ces principes. Finalement, le secret d’une kafala réussie, c’est la transparence, l’apprentissage mutuel, l’acception et l’entraide tout au long de sa vie.

Je souhaite remercier Dieu de m’avoir protégée et amenée vers une famille bienveillante. Les liens du cœur sont parfois aussi fort que les liens du sang. Aujourd’hui, je ne ressens pas le besoin de porter le nom de mes kafils pour me sentir plus « légitime » et épanouie dans ma vie. Al Hamdulillah. »

 

Cet article a été rédigé en partenariat avec l’association Cœur en Or. Pour plus d’infos, sur les associations, rendez-vous sur le site officiel et les pages Instagram suivantes :

https://lesenfantsdelakafala.fr/

https://www.instagram.com/coeur_en_or213/

https://www.instagram.com/adoptfydin/

Aicha El Rhammad
Aicha El Rhammad

Je suis la modératrice du site. J’écris également des articles blogs que vous pouvez retrouver sur mon profil dans l’onglet « articles »

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